Category Archives: Le vin

Ce vin est trop bon pour les toasts

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Le comte plongea la main et fit tourner les bouteilles dans le seau luisant.
– Ce n’est pas encore froid. Vous ne pensez qu’à boire, ma chère. Pourquoi ne vous bornez-vous pas à parler ?
– Je n’ai que trop parlé. J’ai dit tout ce que j’avais à dire à Jake.
– J’aimerais vous entendre parler pour de vrai, ma chère. Quand vous me parlez, vous ne finissez jamais vos phrases.
– Je vous laisse le soin de les finir. Il faut toujours laisser les gens finir les phrases à leur gré.
– C’est un système très intéressant (le comte se pencha et fit tourner les bouteilles), pourtant j’aimerais bien vous entendre parler un jour.
– Comme il est stupide, dit Brett.
– Ah (le comte sortit une bouteille), je crois que c’est assez froid.
J’allai chercher une serviette, et il essuya la bouteille et la tint en l’air.
– J’aime boire le champagne des magnums. Le vin est meilleur, mais ç’aurait été trop difficile à rafraîchir.
Il tenait la bouteille et la regardait. Je sortis les verres.
– Alors, vous pourriez peut-être la déboucher, suggéra Brett.
– Oui, ma chère, je vais la déboucher.
C’était un champagne étonnant.
– Ca, par exemple, c’est du vin. (Brett leva son verre.) Si on buvait à quelques chose. “A la royauté !”
Ce vin est trop bon pour les toasts, ma chère. Il ne faut pas mêler les émotions avec un vin comme ça. On perd le goût.

Le soleil se lève aussi, Ernest Hemingway, 1926.
Merci à Jamy d’avoir trouvé ces bons mots…

Vinapogée, le rendez-vous des vins à leur apogée

Logo Vinapogée 2018

La date : lundi 20 janvier 2020
Edition : 5e
Le lieu : Pavillon Kléber de Potel & Chabot, 7 rue Cimarosa, Paris 16e

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Le vin est un grand cabotin. Il ne vieillit pas, il mûrit, patiemment. Il digère son énergie initiale et le miracle du temps opère. S’il a été conçu dans les règles de l’art, il s’ouvre et se ferme comme un papillon qu’il faut attraper avec le filet de la jouissance patiente. Des vérités admises par moult esthètes depuis la nuit des temps. Seulement voilà : le vin est lui aussi victime de l’économique et du culte de l’urgence. Mais il ne doit pas être sacrifié sur l’autel de l’inculture ! Avec la 5e édition de Vinapogée, nous voulons, dans l’enthousiasme, apporter à nouveau notre pierre à l’édifice. Rejoignez-nous, si vous ne l’avez pas encore fait !

David Hairion & Bernadette Vizioz

Inscription, infos, liens…

www.vinapogee.com

 

Hervé Bizeul, fondateur de ce rendez-vous en 2015, qui nous a transmis le flambeau, décrit l’origine de cette aventure. L’idée de “Vins Matures” lui est venue lors de Vinexpo 2014. De stand en stand, une évidence : on ne parlait et on ne vendait plus que des vins extrêmement jeunes.

“Le vin ancien, le vin à maturité, le vin assagi, le vin épanoui, le vin que l’on attend, que l’on désire, que l’on espère un jour déguster, le vin acheté parfois par un père ou un grand-père, ce vin là s’était évaporé, personne n’en parlait plus… Le monde du vin s’était lui aussi engagé dans l’incroyable accélération de notre société, dans la vitesse, dans le plaisir immédiat, dans le jetable, dans la dégustation autocentrée plus que dans la transmission.

Les prétextes chez les vignerons, les cavistes, les restaurateurs, pour justifier cet abandon, ne manquent pas : les impôts, la trésorerie, la demande, la place, les Chinois… On a tout entendu. Tous font, soi-disant, des “vins de garde” mais voilà, plus personne ne les garde réellement pour les présenter au bon moment. Ou alors à quel prix…

Avoir une “cave”, déjà, est une coutume très franco-française, un peu belge, à peine suisse. Dans le reste du monde, les maisons particulières ne la prévoient pas. En ville, le prix du mètre carré fait le reste. Pourtant, tous les amateurs le savent, si le vin jeune et son fruit sont irremplaçables, nos plus grands souvenirs, nos émotions mémorables, l’origine même de notre passion, tout cela est bien souvent la conséquence, à table, d’un verre de vin à maturité, de cinq, dix, vingt, trente ans ou plus, d’un itinéraire olfactif et de goûts complexes et évolutifs, de souvenirs lointains, tout ce qu’apporte la plénitude de la maturité.”

C’est finalement une idée très moderne, un peu à contretemps, où on valorise le temps passé comme un héritage, comme un témoignage, pour offrir à tous quelque chose d’exceptionnel : du temps !

Il fallait agir. “Le Salon des Vins Matures”, devenu Vinapogée, était né.

Vinapogée, un acte militant ! Une cause à défendre !

“Gardez-le quelques années….”, c’était la phrase préférée des producteurs et des marchands de vins ! Nos pères savaient attendre, caresser du regard ces bouteilles dans leurs caves… pour les ouvrir au bon moment.
A l’heure d’Internet cela a t-il encore un sens ? Tous les vignerons présents à Vinapogée militent pour que leurs vins soient bus à leur apogée.
Vinapogée, c’est une cause que nous défendons, pour le goût, pour la culture, pour nos enfants… Parce que prouver, c’est mieux que promettre… tous les vins présentés à Vinapogée ont été jugés tels par ceux qui les ont élaborés et qui les feront déguster.

Dans cette folle idée nous suivent une grosse poignée de vignerons enthousiastes à l’idée, lors d’une journée rare, de faire goûter des vins de dix ans ou bien plus, directement puisés dans leur cave, et qu’ils présenteront personnellement.

Vinapogée propose à des particuliers amateurs et à des pros (cavistes, sommeliers, journalistes, cuisiniers, œnologues…) :

•    Une dégustation exceptionnelle de vins à leur apogée présentés par des vignerons d’exception.

•    Des ateliers originaux et passionnants.

•    Une paulée, sur le thème de la maturité.

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30 vignerons,
Plus de 100 vins présentés avec des millésimes allant de 1986 à 2010 et des portos hors d’âge

L’équipe

David Hairion, président fondateur de Made in Mouse, agence conseil en communication spécialisée dans le vin, la gastronomie et l’art de vivre (www.madeinmouse.com)

Tél. 06 08 28 05 68, david@vinapogee.com

Bernadette Vizioz (Just Bernadette), fondatrice et ancienne présidente de Vizioz Communication.

Tél. 06 11 36 87 22, bernadettevizioz@gmail.com

 

Ils parlent des vins à leur apogée, on a aimé…

Sur un vin jeune, c’est une hérésie de parler de bouquet, car celui-ci s’acquiert avec le temps. C’est le stade supérieur du vin. Quand il arrive à sa dimension de bouquet, il vous offre son nom, et vous dit : “Je suis né à tel endroit en telle année et je t’offre mon bouquet”. Il faut savoir cueillir les bouquets de la vie au travers du vin. On est là dans la dimension de patience. Malheureusement trop de gens veulent un résultat immédiat avec le vin, ils se trompent alors complètement.
Jacques Puisais

Le grand vin est une œuvre d’art évolutive, jamais définitivement fixée, un peu comme les mobiles de Calder. Il feint l’immobilisme et est capable de braver le temps pendant des lustres. Sa finalité est d’être bu et de disparaître avec le plaisir qu’il procure. Il suffit que vous en possédiez assez de bouteilles dans votre cave pour vos vieux jours, et il acquiert pour vous
l’intemporalité de la sculpture et de la peinture ou la disponibilité répétitive de la musique et de la poésie.
Emile Peynaud

Le travail comme le vin a besoin de se reposer, et quand le vin est reposé, il recommence à travailler.
Jacques Prévert

L’homme de goût et d’esprit ne doit point se décourager dans la tâche difficile de former une bonne cave : il lui faut trente années de soins, de dépenses, de voyages, une vigilance et une activité presque surhumaines. Mais qu’importe ? Les jouissances qu’il se prépare sont indicibles et quel héritage à transmettre au fils qui portera son nom.
Grimod de la Reynière

Automne 2013, gâté !

Le vin goûte souvent bien après les vendanges. Dans cette crispation annuelle de la nature, à l’automne, quand le rapport au végétal, à l’eau, au ciel, se bouleverse, alors les gouttes de ce précieux liquide qu’est le vin ne rentrent pas de la même manière dans le corps. Une question de spongiosité.

Merci à Matthieu et Michel pour ces cadeaux splendides, ces quinze derniers jours d’octobre…

 

Michelot-Buisson, Meursault 1er cru Genevrières, 1983

Château La Lagune, grand cru classé, Haut-Médoc, 1975

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La Vigne rouge à Montmajour

« La Vigne rouge à Montmajour », un sublime tableau connu sous le nom « La Vigne rouge », est une peinture à l’huile de Vincent Van Gogh, réalisée à Arles au mois de novembre 1888. C’est le seul tableau qu’il ait vendu publiquement de son vivant. Ce serait aussi le premier tableau recensé dont le nom contiendrait le mot « vigne »…

 

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Belle dégustation qui annonce l’automne…

Merci à Matthieu, éternellement, pour cette belle série. La bouteiile sans étiquette est Raveneau 2003, Chablis Grand Cru, à priori Valmur. Le Château Talbot est un 1955. Très belle bouteille, mais aussi très bel habillage. Monumental  même. Pialade 2005, toujours aussi joyeux. Une sublime expression du riesling avec ce Riesling de Trimbach millésime 1990 Cuvée Frédéric Emile…

 

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Le vin et l’amour, par Bernard Pivot de l’Académie du Vin de France

Le vendredi 27 janvier 2012, boulevard Saint-Germain à Paris, dans l’amphithéâtre de la Société Française de Géographie dont je suis membre, une fabuleuse journée sur le thème « Pourquoi aimer le vin ? ». Des intervenants de grande qualité et une belle émotion grâce à Bernard Pivot très en verve.


vin,pivot,amour« La légende veut qu’un légionnaire de César, dont les troupes remontaient la vallée de la Saône, désertât pour les beaux yeux d’une paysanne. On baptisa le village Saint-Amour.

Le saint-amour est l’un des dix crus du Beaujolais. Aucun spécialiste du marketing n’aurait eu l’idée géniale d’associer le vin, la sainteté et l’amour. Le jour de la Saint-Valentin il se boit une quantité phénoménale de ce beaujolpif galant au nom magique. Les Suisses ont un vin de Neuchâtel – chardonnay, pinot noir ou chasselas – qui s’appelle tout simplement valentin. Les amoureux de la Confédération helvétique en consomment beaucoup le 14 février.

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Anthologie agricole : La Terre. La Vigne, par Marius Audin

marius,audin,vigne,vinUn magnifique texte qui semble dater de 1943, écrit et édité par ce grand érudit de Marius Audin, originaire du Beaujolais…

Virgile pensait que le meilleur moment pour planter la vigne est l’époque « où la blanche cigogne, l’ennemie des couleuvres, revient aux beaux jours du printemps », si déjà le vigneron ne l’a fait « quand les coursiers rapides du soleil n’ont pas encore atteint l’hiver ».

Pour préparer le sol destiné à recevoir la vigne – on dit en beaujolais « blaincbayer », ou bien « défoncer », ou bien « miner » -, les anciens agronomes se servaient de 3 instruments : le bipalium (bêche), la pala (pelle) et le rutrum. D’autres outils sont venus plus tard les remplacer dans cet office : pic et grappin, associés maintenant à la pelle.

Le sol est prêt et devenu « plantier », on procédait au piquage, soit en « barbues » (plants enracinés), soit en chapons (boutures), et cette prime façon se faisait, soit au plantoir, simple pieu de bois armé de fer, soit à la fourchette, plantoir de fer creusé en gorge et terminé par deux pointes au moyen desquelles on plongeait le « plant » dans la molle couche de la terre.

Et la vigne était prête.

J’ai parlé jusqu’ici au passé, mais le rite est toujours le même.

En janvier l’on « semarde » : c’est enfouir l’engrais répandu depuis peu sur la terre. Un peu après on « ablave » : c’est déchausser le cep, pour que l’air le puisse mieux pénétrer et l’exciter à croître.

Et puis, sans trop s’immiscer maintenant dans son œuvre féconde, on laisse à la Nature le soin d’acheminer la jeune vigne vers le temps où elle doit apporter à l’homme le prix de ses peines ; c’est à « la troisième feuille », dit le vigneron dans son rustique langage, si dense de poésie : la troisième feuille, cela veut dire la troisième année.

La taille est faite dans les premiers mois de l’année : « taille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille de mars » dit dans sa sagesse l’homme de la terre, et c’est, en effet ce qu’enseignait le père de l’Agriculture latine, Columelle, quand il disait que « la meilleure époque pour tailler la vigne est le printemps, avant qu’elle ne bourgeonne ».

La taille se faisait jadis à la serpe, ce que nous appelons aujourd’hui la goyarde et que les Anciens nommaient « falcula ».

Alors, patient mais tremblant chaque jour un peu plus, le vigneron attend le jour béni de la récolte.

Tour à tour le bourgeon « débourre », et bientôt sort et luit au soleil la petite feuille annonciatrice du bouillonnement de la terre.

Quelques jours encore, et puis rôde dans tout le pays une subtile et suave odeur dont l’air est partout embaumé : la vigne est en fleur ! Heures plénières et fugitives qui durent, elles aussi, ce que durent les roses !

Encore un peu de temps, et vers la Saint-Jean d’été le raisin, érigé au sein de sa prison de feuilles comme de spadice d’un bel arum dans son calice immaculé, « fait le coquillon » : entraînée par son poids qui d’heure en heure augmente, sa pointe est tombée vers la terre, et maintenant, il va mûrir, mûrir tant qu’il pourra.

Mais les torrides chaleurs de juillet vont venir bientôt, et avec elles les grandes inquiétudes.

L’oreille tendue au moindre bruit, le vigneron veille ; il veille anxieux sur ce trésor qu’il ne peut plus protéger maintenant autrement qu’en priant pour lui. Résigné, il attend : c’est tout ce qu’il peut faire, si non « relever » sa vigne, dévotement, et la tenir bien propre, propre comme un beau jardin !

Et bientôt, maintenant, ce seront les vendanges, qu’il faudra commencer entre l’équinoxe d’automne et le coucher des Pléiades : c’est déjà plus que de l’espoir ; ce sera bientôt la récompense promise à sa foi dans la terre, ce sol qu’ont remué ses aïeux jusque dans ses entrailles secrètes, qu’ils ont fouillé de leurs bras puissants jamais lassés.

Vendanges ! bennes et tonneaux, cuves pleines et pressoirs rebondis, chamoures et beuverie :

« Bonum vinum laetificat cor hominis »

Et l’on se remet au travail, ce travail qui ne finit jamais.

« Le travail », maintenant, c’est quatre, six, huit jours plus tard, selon que le temps reste chaud, ou bien que les fraîcheurs, au contraire, sont venues, le travail, c’est le pressurage.

De Long Wine discovery tools

« The husband and wife team of Deborah and Steve De Long combined their mutual enthusiam for both wine and design when they started work on the Wine Grape Varietal Table over 4 years ago. Originally visual people by trade – Deborah, a home fashion designer and Steve, an architect – the table helped them to make sense of the vast and often confusing world of wine grape varieties. Over the past four years they have conducted extensive research and tastings in compiling it… »

 

En savoir plus

www.delongwine.com

 

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Le plaisir n’a pas de prix

brane cantenac,1976,vin,argentAvons dégusté le 3 août 2011 avec l’ami Matthieu Cosse un Brane Cantenac 1976 (Margaux). Bouteille achetée le matin-même chez nos voisins de Millésimes SA. Un grand merci au passage à Michel Santé et son équipe pour leur professionnalisme. La bouteille offrait un niveau très légèrement bas. Très belle surprise pour environ 40 euros. Comme quoi. Bravo.